Pas de tout repos

Pfiou quel week-end.

Vendredi soir Quasi Parfait et moi étions fermement décidé à enterrer la hache de guerre et entamer ainsi une douce phase d'accalmie. On s’était promis-juré-craché qu'on ne se balancerait ni assiettes ni chaises à la gueule. Prudents, on a préféré se taper une entrecôte sauce beurre maître d'hôtel dans un restau sordide du 18ème.

La conversation allait mollement et j'en étais à lui conter les péripéties de Madame Trucmuche, 93 ans et plus de dents, quand il a fait tomber mon verre d'eau -plein- dans mon assiette -pleine de beurre- et que le liquide savamment mélangé -eau+beurre- s'est joliment déversé sur mon jean -préféré- au niveau de l'entrejambes.

Un poil énervée, je suis rapidement allée aux toilettes, la mine déconfite, sous les regards hilares d'une clientèle se gaussant sur l'éventualité d'un gros pipi pas retenu.

J'ai pris sur moi pour ne faire aucune réflexion désobligeante à l’Entâcheur et nous avons poursuivi notre soirée devant un thé épicé chez Meilleure Amie. Je ne sais pas si c'étaient les épices du thé où mon jean trempé mais la discussion a rapidement pris une tournure aigre. Si bien que le retour fut assez froid, Indochine en fond sonore et un je-ne-sais-quoi entre nous de lourd comme

La Rancoeur.

L'orage a éclaté vers 4 heures du matin, quand au bord des bras de Morphée, Quasi Parfait a soupiré comme un boeuf au moment où je parlais des efforts que j'attendais de lui.

Ah les hommes, quelle plaie, comme dit maman, l'individu testiculé n'est pas fini.

Samedi matin je l'ai donc abandonné à ses ronflements intempestifs pour aller faire le marché, m'acheter du fromage et des croissants histoire de me détendre un peu. J'ai ensuite petit déjeuné comme une reine ignorant le mufle qui m'avait fait pleurer la veille.

On ne s'est bien sûr pas vu de la journée, la rupture commençait drôlement à pointer son nez, mais on était pas au bout de nos surprises.

Baissant les bras devant l'immaturité incontestable de ce qui nous sert de compagnons de dentifrice, mes amies et moi avons décidé à l'unanimité féminine de passer une bonne soirée. C'est à dire une soirée entre filles. A maudire nos amis les Bêtes.

Et puis en fin de soirée, quand le serveur subjugué par mon micro caraco blanc en était à vouloir m'accompagner aux toilettes après m'avoir roulé tous se yeux doux, mon portable se mit à sonner.

C’était Quasi Parfait, qui devait avoir des antennes longues comme mon bras et qui sans nul doute devait pressentir qu’il était temps d’intervenir.

Bon. Il voulait qu'on se voit.
D'accord.

C'est une fois arrivés chez moi, en voyant sa tête fatiguée et son regard terne que j'ai su que c'était pas une bonne idée. Une grosse explication s'est alors engagée et trois heures plus tard, à bouts de nerfs, désespérée par tant de mauvaise foi et de malveillance de sa part, j'ai littéralement balayé (on peut dire saccagé) mon petit mobilier. Le dessus de ma table s'est violemment vautré par terre. Théière, tasses, assiettes, livres, shampoings, courrier, bougies, céréales et beurre ont atterri par terre, dépités.

Grâce à la fée Mobilier rien ne fut cassé, sauf un bout de mon doigt, qui a eu moins de chance durant ma crise de nerfs.

Dimanche, les yeux mis clos d'avoir trop pleuré, la tête bouffie, nous sommes allés déjeuner chez papy-mamie. Quel bonheur de simuler le petit cou-couple parfait alors qu'on est à couteaux tirés.

Rupture, pas rupture?

J'étais presque décidée à rompre. ça me brûlait aux coins des yeux à cause du trop-plein de larmes.
Et puis après avoir respiré l'air pollué du dimanche soir à Paris, Quasi Parfait est revenu chez moi.

Alors je lui ai fait un shampoing antipelliculaire, on néglige trop souvent les effets de la capucine de Klorane sur les couples en crise. Et comme je recommençais à le trouver mignon avec ses cheveux plein de mousse je lui ai fait un masque à la pêche. Et quand il m'a demandé si ça allait lui donner la pêche toute cette crème orange sur la gueule là je me suis dit que ça valait le coup.

Amis célibataires, le couple c'est l'horreur, croyez-moi. Aujourd'hui il est plus facile de rompre avec quelqu'un que de l'aimer. Mais il est tellement rare de trouver quelqu'un avec qui on ai envie de construire une histoire d'amour, telement rare que cette même personne en ai également envie au même moment, que ça vaut le coup d'essayer.

Quasi Parfait et moi on ne voit pas du tout les choses pareilles, mais on regarde dans la même direction. Et c'est déjà pas mal.

Comments

[Grenouille]

Question essentielle, est-ce que la raison qui le rendait "presque" parfait a été résolue depuis le temps ?

Quand est-ce qu'on vous revoit ? Je serais ravi de mettre mes meubles à votre disposition pour une scène de ménage à condition de pouvoir avoir l'exclusivité du film qui en découlerait ^^

[Ptitvoleur]

J'adore ton histoire,je te souhaite plein de bonheur pour la suite!

[johanna]

Ma chère allumette
Ma vieille expérience (13 longues années et 2 enfants plus tard) me laisse moi même perplexe sur la complexité des rapports de couple. Non, rien est simple, même quand on regarde dans la même direction. Parfois, la boussole s'emballe!
Mais ce sont ces petits riens qui font tout. Ces rires, et sourires qui nous surprennent encore.
La complicité, l'humour, le regard qui pétille, la queue qui frétille...Question: le shampooing s'accompagne d'un massage du cuir chevelu et de la nuque???

[Snoopy]

Un bon conseil, pour continuer à regarder dans la même direction, la télé a fait ses preuves, et sauvé plus d'un couple, c'est écrit dans les livres, peut être pas tous, mais au moins dans télépoche.
Encore une fois, si presque parfait l'était, tu n'aurais d'autre choix que de lui changer son nom en vraiment chiant, et rirait moins qui euh, rirait en euh, voilà quoi.

[Pirouette]

(oups désolée)