Remake
Il y a eu tant de choses en trois ans, tant de mots échangés, tant de discussions enflammées, tant de délires, tant de rires aussi, tu les as oublié yannick mais nous riions beaucoup ensemble.
Il y a eu cette sexualité qui a mis du temps à s’accorder, qui a attendu que je te perde pour te désirer si fort.
C’est toujours quand on perd quelque chose qu’on réalise sa valeur. Mon Dieu Yannick, te perdre c’était tout perdre.
Et pourtant je sais tout ce qui n’allait pas, tout ce qui ne collait pas, tes beuveries et mes envies de bébé, mes demandes d’attentions et ton indifférence.
Je ne veux plus te faire de reproches et pourtant je t’en veux encore, d’avoir laissé glissé notre couple comme un savon dans la baignoire.
Tu m’as vu souffrir tellement et tu n’as jamais changé, tu n’as même pas essayé ni même fait semblant, un peu, pour moi, comme ça, par amour, pour que j’ai plus mal, un petit instant volé à notre quotidien.
J’entends encore tes mots « mais je ne suis pas comme ça Perrine, c’est tout ».
Si, tu es comme ça, tu as été comme ça, et tu le seras encore pour une autre. Simplement là, avec moi, tu ne voulais pas. Tu ne voulais plus.
C’est sidérant comme mon amour pour toi a évolué, s’est magnifié au fil du temps, a atteint son paroxysme au bout de trois ans, alors que ton amour pour moi a rétréci telle une peau de chagrin au fur et à mesure des années. Plus tu m’avais, moins tu m’aimais.
On ne désire plus celle qui cuit les pâtes tous les soirs, on ne cherche plus à plaire à celle qui partage notre couette toutes les nuits. Le prédateur est engourdi dans la routine, il ne se battra plus pour la gazelle. A quoi bon puisque la gazelle est là, les yeux mouillés d’amour, la bouche pleine de reproches, à tourner la cuillère dans la casserole.
Et pourquoi la femelle une fois conquise veut transformer son prédateur en Petit Ours Brun, qui ne sort pas, ne boit pas, fume à peine, n’aime plus le foot, ne laisse pas traîner ses affaires et devient gluant ?
Est-ce que je n’ai rien compris au couple, aux mâles, à l’Homme, en 25 putains d’années de pratique de cette foutue vie de merde sur cette foutue planète ?
J’ai loupé quoi, raté quoi, zappé quoi ?
Jamais je n’aurai voulu te perdre.
J’ai hurlé, crié, vociféré ma douleur. J’ai entaillé mes veines, flirté avec la fenêtre du troisième étage, ingurgité tout ce qu’on peut avaler en matière de médocs, squatté beaucoup trop d'HP, j’ai été trop loin, je suis trop excessive, j’en ai trop fait, trop chier, je suis trop et j’en peux plus.
Cette lettre est un cri d’amour parce que je ne comprends pas ce que j’ai loupé dans le manuel de la parfaite petite amie-juste-assez-chiante de 25 ans.
Tu sais combien je t’aime.