En passant par là.
Elle s'est juste un peu fait hospitalisée, comme ça, cinq jours, bah oui en psy, évidemment, la dépression ça se soigne en psy pas autre part, bon sans médocs heureusement, alors elle a plutôt bien géré les choses, elle a eu la bonne idée de tirer la sonnette d'alarme à temps et puis elle y est allée de son gré, en psy et ça c'est important. Bon bien sûr au final c'est pas tellement là bas que c'était dur, parce que là-bas avec RTL2, son cahier rouge et ses Marlboro, elle a réussi a tenir le coup. Et puis elle avec elle, ça va, merci, ça se passe très bien. C'est plutôt en sortant, quand elle s'est retrouvée elle avec les autres que ça s'est remis à coincer. Alors elle a pensé très fort à la phrase qui dit que l'Enfer c'est les Autres. Et puis elle était parfaitement d'accord.
Puis elle s'est étourdie, à voir tout le monde, à répondre à toutes les questions, à tous les "mais comment ça se fait, t'as rien qui cloche dans ta vie!". Elle s'est épuisée à justifier l'injustifiable, a expliqué ce qu'elle-même ne comprenait pas. Les gens sont des abrutis, mais heureusement ils ne le savent pas.
Il y a eu d'heureux moments aussi, avec l'Individu Echarpé par exemple. Et puis quand elle écoutait Make me crazy aussi. ça tombait toujours bien cette chanson là. ça tombait toujours juste. A point nommé.
Et puis après tout ça, il a bien fallu ravaler les larmes, relever la tête, renifler un bon coup et recommencer à jouer la fille forte. Alors elle s'est posée dans le métro la fille forte, l'humeur grise et le sourire fané. Et elle s'est pointée à son boulot, comme une grande.
Les gens sont méchants souvent, mais c'est parce que c'est la vie.
Alors elle a décidé de s'en foutre, de maudire sa chef et d'ignorer ses collègues maladroits.
Elle pense qu'il vaut mieux vivre à cent à l'heure plutôt que de se rendre compte des choses.
Et puis parfois, quand même, elle se dit que tout ça, c'est pas pour elle.
Que ce qui était fait pour elle, c'était le pays des merveilles.